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mardi, 26 septembre 2006

La Commission du Vieux Paris accepte la démolition d’une ancienne maison du site

Le 12 septembre dernier, la Commission du Vieux Paris vient d’accepter que soit démoli la maison de faubourg du 28, rue de la Tombe-Issoire :

 

« Maintien du voeu en faveur de la restauration et de la réhabilitation du 15 villa Saint-Jacques et lever du voeu au 28 rue de la Tombe-Issoire : La Commission du vieux Paris, réunie le 12 septembre 2006 à l’Hôtel de Ville sous la présidence de Mme Moïra Guilmart, adjointe au Maire chargée du patrimoine, suite aux voeux émis en 1999, 2000 et 2004, maintient son voeu en faveur de la restauration et de la réhabilitation du 15 villa Saint-Jacques, pavillon de style troubadour construit en 1840, et admet la démolition du bâtiment à un étage, datant également des années 1830-1840, au 28 rue de la Tombe-Issoire, en raison de son état de délabrement trop important. »

 

Cette démolition attire, de notre part, 4 remarques :

 

1) La Ville en acceptant cette démolition délivre le message suivant à tout promoteur : vous n’arrivez pas à obtenir votre permis de démolir, parce que votre immeuble est un patrimoine historique ? Qu’à cela ne tienne, laissez-le à l’abandon. Au besoin, accélérez la procédure en détruisant votre immeuble par petit bout, mois après mois. Et ainsi, nous vous donnerons votre permis de démolir.

 

2) La maison de faubourg du 28, rue de la Tombe-Issoire n’est pas dans un état qui empêche sa restauration, loin de là. Juste avant son expulsion, le 21 juillet 2004 au matin, nous l’avons d’ailleurs fait visiter de fond en comble, à plusieurs élus et à des personnalités du quartier, afin qu’ils puissent le constater. A nous tous, nous pesions environ 1 tonne 5 et bien nulle part le plancher ne s’est affaissé !

 

3) L’ensemble du patrimoine de cette parcelle mérite d’être conservé, car il s’agit d’un site miraculeusement épargné par l’urbanisation moderne, abritant la dernière ferme de Paris. Il ne reste aucun autre exemple, dans Paris, d’un tel ensemble rural et faubourien.

 

4) Le Maire du 14e, dans l’entretien qu’il nous a donné, il y a quelques jours, rappelait que : « Cette parcelle est quasiment devenue inconstructible. On peut faire avec les bâtiments existants, mais on ne peut rien construire de nouveau. » En effet, depuis le jugement du Tribunal Administratif du 9 juin 2005, la parcelle est devenu de fait inconstructible, tout le sol et tout le sous-sol étant classés Monument Historique. Acceptez qu’en soit démoli une partie, c’est créer un trou béant inconstructible en plein Paris.

 

mercredi, 20 septembre 2006

Pierre Vallet

L’animateur de Paris14.info, candidat (UMP) en tant que suppléant aux côtés de Dominique Versini aux législatives de 2002, puis avec Jean-François Copé aux régionales de 2004, a bien voulu nous accorder cet entretien.

 

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Quel est votre sentiment général sur ce dossier ?


D’abord le sentiment d’un énorme gâchis. On a un patrimoine dont tout le monde s’accorde pour dire qu’effectivement il est unique. Depuis le temps, il devrait être valorisé, pour que les scolaires puissent le visiter. C’est une chance d’avoir un patrimoine de ce type dans un quartier. Ce coin de la rue de la Tombe-Issoire ne regorge pas de points qui peuvent créer une animation culturelle… Nous avons la chance d’avoir une belle paroisse à côté, profitons-en pour créer un ensemble culturel, un point d’ancrage local. Ce serait très intéressant.

…Très intéressant à 3 conditions…

Premièrement, que le site Port-Mahon / Ferme Montsouris soit sécurisé et donc remis en état. Je veux dire par là restauré – ce qui ne veut pas dire déguisé en Mac Donald ou en pastiche de… Cette restauration, il faudrait confier cela à des gens qui sont simplement animés par l’amour du patrimoine. Ce serait bien.

Deuxièmement, nous avons non loin de là, un musée qui est l’un des plus visités de Paris : les Catacombes. Comme tous les habitants du 14e, j’ai pu constater qu’il y avait des dizaines de touristes qui faisaient la queue sous la pluie l’hiver. Il serait bénéfique pour les touristes comme pour la vie du quartier de relier le réseau Catacombes de Denfert-Rochereau et carrière de Port-Mahon. Les touristes pourraient entrer par un côté et sortir de l’autre… Ces visites seraient complémentaires et montreraient que Paris, la capitale de la France, ne s’est pas faite en un jour, car les ossements ne sont pas représentatifs des carrières puisqu’ils ne sont que la résultante de la fermeture (notamment) du cimetière des innocents, de l’intervention de Héricart de Thury, le (mauvais ?) goût des romantiques du XIXe siècle ayant fait le reste (« Arrête ! C’est ici que commence l’Empire de la Mort !)…

Maintenant, sur le dossier, un peu annexe mais totalement lié, de l’évacuation, idem : quel gâchis… Quand je pense à toutes ces familles qui sont aujourd’hui logées à l’hôtel… Quand on sait qu’une chambre de 20 mètres carrés peut être facturée à la Ville de Paris 2 300 € / mois… Alors que, rue de la Tombe-Issoire, l’immeuble reste aujourd’hui inoccupé – et ce n’est pas prêt de s’arrêter étant donné l’imbroglio juridique dans lequel nous sommes… Sans parler de cette commission de sécurité qui avait in fine donné son agrément sur les travaux de mie au norme sécurité incendie… Quel gâchis d’argent public…

Je souhaite vraiment que tous les acteurs du dossier, promoteur, pouvoirs publics (Mairie, Ministère de la Culture, Préfecture de Région…) et Collectif de Port-Mahon pourront prochainement se mettre autour de la table pour trouver un accord. Oui, bien sûr avec le Collectif, parce que ce sont des gens qui se battent depuis 10 ans pour la sauvegarde de ce patrimoine. Donc, ils ont mérités d’être autour de la table… Je pense d’ailleurs que le site n’existerait plus sans eux.

Donc il faut mettre tout le monde autour de la table, pour arrêter de tergiverser autour de ce lieu. Il faut qu’on trouve une solution. Et je pense que la solution jusqu’auboutiste de la Soferim n’est ni possible (réhabiliter signifie détruire le monument historique), ni acceptable (il est temps pour eux de comprendre que le promoteur façon « seventies », c’est fini, la profession se bat d’ailleurs pour montrer qu’elle est respectable et responsable…

Et tant qu’il n’y aura pas une réponse ferme et définitive, avec tous les acteurs du dossier, lors d’une réunion autour d’une même table, on n’y arrivera pas

Le Collectif plaide pour une protection au titre des Monuments Historiques ou pour une Protection Ville de Paris, de la dernière ferme de Paris (c’est-à-dire de la grange, de l’immeuble sur rue du 26 qui est l’entrée de cette ferme de ville, de la cours de ferme, du Pavillon Troubadour, de la Maison des Vachers et de l’aqueduc Gallo-Romain). Qu’en pensez-vous ?

Et

Le Collectif se bat pour une restauration de tous les bâtiments de la parcelle. Qu’en pensez-vous ?


Il est difficile de dissocier le sort de la carrière du chemin de Port-Mahon, de celui de la Ferme en surface. Le sol est classé. Réhabiliter, cela impliquerait de refaire des fondations modernes. Et à partir du moment où on touche le sol, on touche au Monument Historique, on l’altère et on prend de surcroît un risque d’effondrement non négligeable. Etant donné, je crois, que personne ne milite pour qu’on déclasse ce Monument Historique ou qu’on le menace de destruction irrémédiable, il faut trouver rapidement un accord avec la Ville ou avec le Ministère de la Culture, pour que la Ferme bénéficie également d’un classement, y compris le pavillon Troubadour qui a son charme. Parce que je pense que c’est un site qui a un intérêt dans sa globalité. Donc, la restauration de tous les bâtiments de la parcelle, oui.

Je ne suis pas définitif sur les projets de ce qu’on peut faire dans ces bâtiments. Je crois qu’il ne faut pas arriver avec des solutions arrêtées sur le sujet, parce qu’on a besoin de trouver un terrain d’entente avec la Soferim. Personne ne gagnera complètement à 100% dans ce dossier et il faut offrir une porte de sortie digne et équitable au promoteur. Des logements étudiants ? Une crèche ? L’entrée et / ou la sortie des catacombes ? La SOFERIM doit avoir son mot à dire et j’aimerais voir les projets des uns et des autres en détail à l’échelle de la parcelle dans sa globalité.


Voulez-vous ajouter quelque chose ?

Je trouve consternant qu’en 5 ans, on n’ait pas trouvé encore une solution pour sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes et du petit jeu « dépôt de permis de démolir, rejet du permis de construire, préemption, rejet de la préemption… ». Cela révèle vraiment beaucoup de choses sur notre pays, sur la complexité des relations entre la Ville de Paris et les promoteurs (adversaires ici, associés là) qui oscillent entre affrontement judiciaire et connivence officieuse… Car l’indignation de la Ville est à géométrie variable – ainsi, dans d’autres arrondissement, la Ville et la Soferim savent trouver un terrain d’entente…

Je pense enfin que la Soferim joue très gros sur ce sujet. Elle joue la montre, se bat bec et ongle, mais elle sait ce qu’elle a aujourd’hui et rien ne dit qu’un changement de majorité lui serait favorable… Loin de là. Il y a dans chaque camp des irréductibles du patrimoine. Alors je souhaite que l’on sache trouver rapidement une solution raisonnable et raisonnée. C’est dans l’intérêt de tous.

 

Nous vous remercions.

 

mardi, 19 septembre 2006

375 articles ou reportages sur le sujet !

A ce jour, la carrière du Chemin de Port-Mahon et la Ferme de Montsouris ont suscité pas moins de 375 articles ou reportages !

 

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Cette couverture médiatique sans précédent n’a pourtant pas réussi à épuiser le sujet, l’affaire n’ayant cessé de connaître rebondissement sur rebondissement...

 

lundi, 18 septembre 2006

Le scandale de la Ferme de Montsouris

Le dernier numéro de la revue Golias (n°109) révèle des faces cachées du dossier :

 

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« L’interprétation du testament de l’Abbé Keller a été déviée de ses objectifs par le cardinal Lustiger. Ce problème a déjà fait l’objet d’une enquête de l’Officialité de Paris, en 1992 [...] En 1986, à sa mort, l’Abbé Keller lègue naïvement les 56 parts lui restant dans cette société à l’Association Diocésaine de Paris : ‘à charge pour elle de mettre à la disposition de la paroisse St Dominique le terrain et les locaux qui lui sont actuellement affectés’ (selon les termes du testament olographe) [...] Le 23 décembre 1987 et par écrit, l’Association Diocésaine : ‘déclare que les parts... sont libres de toutes charges’. »

 

Et Golias conclut :

« la Soferim, avec le soutien du grand argentier du diocèse de Paris, Bertrand de Feydeau, continue d’essayer de réaliser cette opération coûte que coûte. Au mépris des décisions de justice prises dans ce dossier. »

 

Nous vous laissons le soin de lire le reste :

Les grands travaux de Monsieur de Feydeau (2) (3) (4) (5)

L'abbé des pauvres trahi par Lustiger

Monsieur de Feydeau surpris en flagrant délit d'initié

 

Et si vous désirez commander ces articles :

http://www.golias.ouvaton.org/

 

vendredi, 15 septembre 2006

Venez nous rencontrer au 2e Mystère de Montsouris...

Dimanche 1er octobre 2006, se tiendra le 2e Mystère de Montsouris, au Parc Montsouris (entrée avenue René Coty).

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Programme de la journée :

12h      Pique-nique
14h      Visite historique du parc par un historien
15h      Chansons françaises pour les enfants
15h30  Chasse au trésor
16h30  Résultat de la chasse au trésor

Lors de cette journée, le Collectif présentera son action.

 

Alors, à dimanche...


 

mercredi, 13 septembre 2006

Pierre Castagnou

Le Maire du 14e arrondissement, également Conseiller de Paris (PS), a accepté de répondre à nos questions.

 

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Quel est votre sentiment général sur ce dossier ?

 

L’affaire dure depuis longtemps. Il est temps de trouver un dénouement. La ferme fait  pleinement partie de notre patrimoine et de l’histoire de Paris. Il n’y a d’ailleurs pas que la ferme. La parcelle comprend le sous-sol avec la carrière du chemin de Port-Mahon et l’aqueduc gallo-romain, le sol, la ferme de Montsouris proprement dite (que le nouveau propriétaire s’acharne à appeler la grange). Il y a aussi les bâtiments qui donnent villa Saint-Jacques, le pavillon troubadour et les bâtiments qui donnent rue de la Tombe-Issoire, tout cela fait partie d’un ensemble qu’il faut absolument préserver.
Je me suis saisi de cette affaire dès le début, dans les années 90. Je n’étais pas encore maire. J’étais un simple Conseiller de Paris qui siégeait dans l’opposition. Face aux projets immobiliers dont le site faisait l’objet, j’ai convaincu le ministre de la culture, qui était alors Jack Lang et que je connaissais bien, de classer la carrière du chemin de Port-Mahon au titre des monuments historiques.
Ce classement s’est révélé essentiel. Sans lui, nous aurions beaucoup de mal à nous opposer aux différents projets immobiliers qui se sont succédés. C’est, sur ce classement qu’avec le Collectif de Port-Mahon, et avec tous ceux et toutes celles qui se sont mobilisés autour de lui, qu’après 2001, au niveau municipal, nous nous sommes appuyés pour rejeter les demandes de permis de la Soferim. Il n’y a d’ailleurs pas que la carrière qui est classée, mais aussi le sol.
Depuis 5 ans, nous (et quand je dis nous, j’entends l’ensemble de la majorité municipale du 14e, la Ville de Paris et le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui suit cette affaire personnellement) sommes aux côtés du Collectif de Port-Mahon pour déjouer les manœuvres de la Soferim.
Nous avons évité le pire, nous avons gagné des batailles, mais la guerre n’est pas terminée. C’est une affaire qui a connu de nombreux rebondissements. Il y a eu le changement de propriétaire, l’expulsion des occupants, plusieurs projets, autant de demandes de permis… Le projet du promoteur évolue. Il veut réaliser des logements de standing, puis une résidence étudiante. C’est très bien que la Soferim se soucie du logement étudiant, mais ça a fait long feu, parce que, aux dernières nouvelles, la Soferim projetterait de réaliser une résidence pour personnes âgées… Tout cela n’est pas sérieux.
La Ville a proposé à la Soferim d’acquérir la ferme pour enfin trouver une solution satisfaisante pour tous. Elle a même préempté. Mais la Soferim a refusé. Elle finira peut-être par accepter, ne serait-ce que sous l’effet de ses contraintes financières parce qu’il a investi, mais pour l’instant, il n’en a tiré aucun avantage. C’est un promoteur-constructeur dont les considérations sont financières et seulement financières. Je suis étonné par son entêtement. Il doit bien bénéficier d’appuis quelque part !
En tout cas, pour l’instant, dès que la Ville refuse un  permis de démolir ou de construire, le promoteur s’empresse d’en déposer de nouveaux. La Soferim a attaqué la décision de préemption de la Ville qui a été déboutée en 1ère instance. La Ville a fait appel. Nous attendons le jugement. Le combat continue. Il ne faut surtout pas se démobiliser, il faut faire preuve d’une vigilance de tous les instants face à la Soferim et à ses manoeuvres.

 

Le Collectif plaide pour une protection au titre des Monuments Historiques ou pour une Protection Ville de Paris, de la dernière ferme de Paris (c’est-à-dire de la grange, de l’immeuble sur rue du 26 qui est l’entrée de cette ferme de ville, de la cours de ferme, du Pavillon Troubadour, de la Maison des Vachers et de l’aqueduc Gallo-Romain). Qu’en pensez-vous ?

 

Oui, nous l’avons vu, si le classement de la carrière a permis de repousser les projets immobiliers de la Soferim, il est aussi apparu nécessaire de mieux protéger tous les éléments du site.
C’est tout le sens des dispositions édictées dans le cadre nouveau PLU qui a été adopté par le Conseil de Paris le 12 juin dernier. A la demande de la Mairie du 14e la parcelle fait désormais l’objet de plusieurs mesures de protection :
1/ Le bâtiment de la ferme bénéficie désormais de la « Protection Ville de Paris ».
2/ Le site a été classé en emplacement réservé pour un équipement culturel.
3/ La cour a été inscrite en Espace Vert Protégé (EVP) et Espace Libre à Végétaliser (ELV).
4/ La porte charretière de l’immeuble, qui donne sur la rue de la Tombe-Issoire a été classée Elément Particulier Protégé (EPP).
5/ Au 15, villa Saint-Jacques, une Volumétrie Existante à Conserver (VEC) inscrite sur les bâtiments en bordure de voie et,
6/ au 17, villa Saint-Jacques, un filet de hauteur limitent drastiquement toute possibilité de construction.
Je crois qu’on pouvait difficilement aller plus loin dans la protection de ces bâtiments et de ce site. Nous sommes armés aujourd’hui pour refuser les permis de démolir et les permis de construire mais aussi toutes autorisations de travaux qui altéreraient le site. C’est d’ailleurs ce qu’a fait cet été le Maire de Paris quand la Soferim a déposé trois demandes de permis de démolir. J’ai très vite donné un avis défavorable et la Ville de Paris a suivi ma position.

 

Le Collectif se bat pour une restauration de tous les bâtiments de la parcelle. Qu’en pensez-vous ?

 

La Ville souhaite restaurer l’ensemble du bâti et notamment la ferme qui date du 19e siècle. Il importe de trouver rapidement trouver un accord avec la Soferim de telle sorte qu’elle donne suite à l’offre d’achat de la mairie. Il ne faut pas attendre que la ferme devienne une ruine, ce qui compromettrait sa restauration ! Mais c’est peut-être malheureusement le calcul de la Soferim.
Au-delà de la protection du patrimoine et de la restauration du bâtiment, nous voulons valoriser cet élément remarquable de l’histoire de Paris en en faisant un lieu vivant. D’où notre projet de faire de la Ferme de Montsouris un équipement culturel. Cela répond à un besoin des habitants et des associations dans ce quartier qui n’en dispose pas. Bien entendu, le projet devra faire l’objet d’une large concertation entre la Mairie, le Collectif et les associations pour définir le contenu du programme. Nous voulons aussi restaurer les autres bâtiments pour y réaliser une quinzaine de logements sociaux dans un secteur où il y en a peu. Conserver un usage collectif et social correspond bien à la volonté initiale de l’Abbé Keller !
J’espère vraiment que la solution de l’acquisition va aboutir. Nous avons demandé une nouvelle estimation aux domaines, compte tenu des nouvelles dispositions du PLU, parce que évidemment la valeur foncière et immobilière varie en fonction de ce qui est inscrit au PLU. Compte tenu des protections désormais assurées, je conçois mal que la Soferim s’entête à vouloir construire sur cette parcelle. Cette parcelle est quasiment devenue inconstructible. On peut faire avec les bâtiments existants, mais on ne peut rien construire de nouveau.

 

Voulez-vous ajouter quelque chose ?

 

Ce dossier est pour moi un dossier emblématique pour le 14e et pour Paris. Emblématique par son ancienneté, par ses enjeux, parce qu’il s’agit de la défense du patrimoine, parce qu’il s’agit aussi de faire prévaloir l’intérêt général porté par la volonté de la municipalité parisienne.
La ferme Montsouris est un combat, vraiment commun, entre le Collectif qui représente une trentaine d’associations, et la Mairie du 14e. Je crois pouvoir dire, et je m’en félicite, car ce n’était pas acquis d’avance, qu’à chaque étape, nous avons discuté, et nous nous sommes mobilisés pour le même combat. Je sais qu’il est arrivé que le Collectif puisse s’interroger sur la capacité du Maire du 14e à convaincre le Maire de Paris. Moi-même, d’ailleurs, au départ, je n’étais pas sûr de pouvoir le convaincre. Il a fallu vaincre quelques résistances dans le milieu municipal. Mais les victoires acquises en ce domaine, même si nous n’avons pas encore abouti, sont de bon augure.
Je souhaite que cette affaire se dénoue d’ici à la fin de cette mandature. Mais la Ville n’est pas seule à décider, il y a deux parties. En tout état de cause si la Soferim se décide à vendre, c’est un projet qui concernera la prochaine mandature. Nous serons alors amenés à travailler ensemble pour mettre au point et réaliser le projet porté par la Ville de Paris et la Mairie du 14e.

 

Nous vous remercions.

 

samedi, 02 septembre 2006

René Dutrey

La première personnalité politique à avoir accepté de répondre à nos questions est à la fois Président du Groupe Vert du Conseil municipal et Premier Adjoint à la Mairie du 14e.

 

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Quel est votre sentiment général sur ce dossier ?

 

D’abord je tiens à dire que c’est un dossier qui me tient à cœur pour une raison toute personnelle : j’étais gamin scout dans le 14e arrondissement, avec ceux que l’on a appelé les scouts de l’abbé Keller. La ferme était notre lieu de rendez vous et notre terrain de jeu. Et puis, l’Eglise a décidé de vendre les terrains et s’est retirée progressivement de toute activité sociale dans le 14e.

Avec une poignée de copains et de jeunes du quartier, nous avons alors décidé de rester et de continuer à faire vivre le lieu. Nous avons créé un espace de création avec un studio de répétitions, des portes ouvertes le samedi après midi. Nous avions même mis en place un atelier d’arts plastiques qui nous servait à fabriquer des décorations pour les fêtes que nous organisions !
On est restés un an et demi à peu près sur le site, sans aucun problème d’ailleurs, puisqu’on entretenait de très bonnes relations avec les voisins et les gens du quartier.

Du jour au lendemain, nous avons été expulsés manu militari, non pas par des forces de police, mais par des gros bras, qui étaient alors très certainement rémunérés par le promoteur, le Groupement Foncier Français qui avait acquis la ferme à l’époque. Cela avait été assez violent d’ailleurs ! C’était au cœur des années 80. A cette époque les méthodes « barbouzardes » étaient assez répandues. Elles le sont moins aujourd’hui, même si on peut s’interroger sur la série d’incendies criminels ayant touché des immeubles insalubres au cours de l’année dernière. L’expulsion reste un événement que nous avons très mal vécu. La violence de l’action nous a beaucoup marqués.

Après ce lamentable épisode, je m’étais tourné vers la Mairie du 14e pour demander des locaux pour les jeunes. C’était la première fois que je rentrais dans la Mairie du 14e et je me suis rapidement fait envoyer promener par un sympathique élu du RPR. Ca a été le déclencheur de mon engagement en politique. Je me suis dit qu’il y avait vraiment un problème dans le 14e arrondissement et qu’il fallait agir.

Par la suite, dans les années 90, j’ai suivi la lutte sur la Ferme, sans être trop impliqué. Mais j’ai tout de même suivi les combats menés par le premier collectif de très près, puisque j’étais moi-même associatif en lutte sur la défense du marché couvert de la rue Daguerre. Dans ce contexte, j’avais également participé à la création de la coordination et liaison des associations de quartier à Paris, qui rassemblaient l’ensemble des associations en lutte sur Paris contre des promoteurs ou contre des opérations publiques destructrices. A ce titre là, j’avais eu l’occasion de suivre les associatifs qui se battaient, à l’époque, sur le site.

Au lendemain des élections municipales de 2001, suite à laquelle j’ai été élu à la Mairie du 14e, la visite de la ferme de Montsouris a été la première visite qu’on ait faite avec Romain Paris, adjoint Vert chargé de l’urbanisme. La situation était alors assez catastrophique : quasiment toutes les autorisations d’urbanisme avaient été délivrées, l’avis favorable du Maire du 14e avait été signé entre les deux tours de l’élection…Le dossier était quasiment bouclé et tout était enclenché pour que soit réalisée une opération de promotion qui déstructurait et détruisait la plus grande partie du site, en tout cas, tout son intérêt patrimonial.

A partir de ce moment là s’est engagé un rapport de force tant au sein des institutions qu’à l’extérieur. De son côté, le Collectif maintenait une pression constante sur le promoteur, la Mairie de Paris et la préfecture. Et Romain Paris et moi-même, en tant qu’élus, nous faisions tout pour obtenir que la Ville de Paris ne laisse pas réaliser cette opération de promotion. Nous étions bien seuls en 2001, à ma connaissance, il n’y avait que les Verts qui s’étaient positionnés sur ce dossier. Par la suite nous avons continué à maintenir et renforcer notre position. Quant à l’Hôtel de Ville, les avis n’ont pas du tout été homogènes mais plutôt fluctuants selon les différents stades du dossier. Les récents avis rendus sur le dernier projet de la Soferim par Jean Pierre Caffé, adjoint à l’urbanisme, Jean-Yves Mano, adjoint au logement se sont tous montrés favorables. Toutefois, le Maire de Paris a heureusement arbitré dans notre sens en refusant le projet présenté par la Soferim. Force est de constater aujourd’hui que la Soferim a de très bons appuis au sein de l’Hôtel de Ville. Elle profite sans doute des quelques réseaux, issus de l’ancienne mandature, qui existent encore au sein de la Ville de Paris. Voilà pour l’histoire.

Mais pour répondre à votre question je pense que le 26 rue de la Tombe Issoire est un site d’un intérêt patrimonial et historique évident. La superposition de trois niveaux de patrimoine, trois niveaux de mémoire : la carrière, l’aqueduc et la ferme en fait un site exceptionnel. Trois niveaux auxquels on peut même ajouter l’immeuble et la forme urbaine générale typiquement faubourienne. Et tout ceci dans un état de conservation étonnant ! La carrière est intacte, l’aqueduc également intact, la ferme est restée quasiment dans son état d’origine, et la forme urbaine apparaît parfaitement conservée… De 25 mètres sous terre à 20 mètres au dessus, c’est ce que j’appelle un mille-feuilles historique. Voilà l’intérêt du dossier.

 

Le Collectif plaide pour une protection au titre des Monuments Historiques ou pour une Protection Ville de Paris, de la dernière ferme de Paris (c’est-à-dire de la grange, de l’immeuble sur rue du 26 qui est l’entrée de cette ferme de ville, de la cours de ferme, du Pavillon Troubadour, de la Maison des Vachers et de l’aqueduc Gallo-Romain). Qu’en pensez-vous ?

 

La protection la plus efficace, qui permettrait réellement de sauvegarder le site, c’est la protection des Monuments Historiques. C’est ce qui avait sauvé la carrière à l’époque. Ce genre de protection devrait correspondre à ce type de site. Mais la difficulté se trouve dans le fait que le Ministère de la Culture ne considère pas comme intéressant et digne d’une protection particulière le patrimoine du 19e siècle. Ils sont restés un petit peu bloqués au 18e siècle.

Après, au niveau de la Ville de Paris, la Ferme n’a été que partiellement protégée lors de l’adoption du Plan Local d’Urbanisme, puisque le 26, rue de la tombe Issoire et le coté villa Saint Jacques, excepté le pavillon troubadours, ne font l’objet d’aucune mesure de protection. En tant que Verts, nous n’avons pas voté le PLU, donc à ce titre, nous ne nous sentons pas responsables ni de son contenu ni de ses effets futurs, sur lesquels nous avons de vives inquiétudes.
L’absence de volonté de maîtriser la spéculation immobilière risque d’avoir des répercussions catastrophiques aussi bien sur le prix des logements, que sur le patrimoine. Le nombre insuffisant de protection de bâtiments sujets à la pression foncière fait peser sur eux une menace à court terme.

Les « Protection Ville de Paris » instituées par ces listes sont malgré tout des protections intéressantes parce qu’elles viennent remplir une carence de protection du patrimoine du 19e siècle. Mais il faut se rappeler qu’elles peuvent être remises en cause très facilement. Le PLU, et par conséquent la liste des bâtiments protégés, peuvent être modifiés sur un simple vote du conseil de Paris.
Pour conclure, si une modification du PLU devait intervenir, le groupe Vert déposerait un amendement de protection de l’intégralité du site.

 

Le Collectif se bat pour une restauration de tous les bâtiments de la parcelle. Qu’en pensez-vous ?

 

Je suis favorable à une restauration du site. Mais il faut savoir ce que l’on entend par là et quelle formule d’organisation du projet peut correspondre à une restauration.

La création de logements sociaux et d’équipements comme la Ville de Paris a l’habitude de le faire ne pourra correspondre au respect du patrimoine du site et donc à une restauration. Une procédure classique au sein de la Ville de Paris implique une rigidité du point de vue du cahier des charges. Les modalités de financement du logement social sont particulièrement contraignantes et ne permettront pas d’engager une véritable restauration des bâtiments, mais au mieux une simple réhabilitation. Il faut savoir que le logement social ne peut pas dépasser un certain coût au m² -  Pour en réaliser sur ce site, il va falloir se montrer créatif.

C’est pour cela que je préconise pour ma part, d’explorer les pistes de « l’auto réhabilitation » du site, une forme de réhabilitation autogérée. Il existe déjà des projets en France qui fonctionnent ainsi.
On pourrait créer un comité de pilotage avec le Collectif, la Ville de Paris et le Ministère de la Culture, si le site s’avérait réellement protégé. Il sera alors possible d’établir un cahier des charges de restauration, combinant les obligations d’une restauration et l’utilisation future du lieu.

Quand à l’utilisation future du lieu, je crois qu’il y a deux choses essentielles qu’il faut garder en tête pour conserver l’esprit de ce site : d’une part, le fait qu’il a toujours été ouvert sur l’extérieur ; d’autre part que trois types de mémoire s‘y rencontrent : la mémoire des pierres, la mémoire de l’aventure de l’Abbé Keller, et la mémoire de la lutte. Je crois que ça peut être le cadre d’un pré-cahier des charges du futur projet.

Alors après quand on a dit ça, qu’est-ce que pourrait être concrètement ce futur projet ? Bien sûr on pense d’abord à la mise en valeur de l’aqueduc et de son histoire et l’ouverture au public de la carrière de Port-Mahon. Sur la partie mémoire de l’Abbé Keller, il y a quelque chose à imaginer, pourquoi pas avec une partie de l’église qui se reconnaît encore dans ce qu’a pu être l’action sociale des paroisses dans le 14e notamment pour le logement des plus démunis. Sinon il faudra se tourner vers des associations laïques qui œuvrent dans le domaine du logement social. Et puis pour la mémoire de la lutte, l’idée d’un centre de ressources parisien pouvant venir en aide à des associations confrontées au même type de projet ailleurs dans Paris pourrait permettre de respecter la continuité de ce qui s’est passé sur ce site. Enfin, pour la ferme, on a envie d’y revoir des animaux et des plantations : il faudrait y créer un jardin partagé et pourquoi pas un poulailler dans la cour !

 

Voulez-vous ajouter quelque chose ?

 

Le patrimoine ce n’est pas que les vieilles pierres. C’est aussi ce qui s’est passé dedans, il est indissociable des personnes. Il faut bien regarder le passé pour comprendre l’avenir. La pierre et l’homme restent ainsi intimement liés.

 

Nous vous remercions