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mercredi, 20 septembre 2006

Pierre Vallet

L’animateur de Paris14.info, candidat (UMP) en tant que suppléant aux côtés de Dominique Versini aux législatives de 2002, puis avec Jean-François Copé aux régionales de 2004, a bien voulu nous accorder cet entretien.

 

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Quel est votre sentiment général sur ce dossier ?


D’abord le sentiment d’un énorme gâchis. On a un patrimoine dont tout le monde s’accorde pour dire qu’effectivement il est unique. Depuis le temps, il devrait être valorisé, pour que les scolaires puissent le visiter. C’est une chance d’avoir un patrimoine de ce type dans un quartier. Ce coin de la rue de la Tombe-Issoire ne regorge pas de points qui peuvent créer une animation culturelle… Nous avons la chance d’avoir une belle paroisse à côté, profitons-en pour créer un ensemble culturel, un point d’ancrage local. Ce serait très intéressant.

…Très intéressant à 3 conditions…

Premièrement, que le site Port-Mahon / Ferme Montsouris soit sécurisé et donc remis en état. Je veux dire par là restauré – ce qui ne veut pas dire déguisé en Mac Donald ou en pastiche de… Cette restauration, il faudrait confier cela à des gens qui sont simplement animés par l’amour du patrimoine. Ce serait bien.

Deuxièmement, nous avons non loin de là, un musée qui est l’un des plus visités de Paris : les Catacombes. Comme tous les habitants du 14e, j’ai pu constater qu’il y avait des dizaines de touristes qui faisaient la queue sous la pluie l’hiver. Il serait bénéfique pour les touristes comme pour la vie du quartier de relier le réseau Catacombes de Denfert-Rochereau et carrière de Port-Mahon. Les touristes pourraient entrer par un côté et sortir de l’autre… Ces visites seraient complémentaires et montreraient que Paris, la capitale de la France, ne s’est pas faite en un jour, car les ossements ne sont pas représentatifs des carrières puisqu’ils ne sont que la résultante de la fermeture (notamment) du cimetière des innocents, de l’intervention de Héricart de Thury, le (mauvais ?) goût des romantiques du XIXe siècle ayant fait le reste (« Arrête ! C’est ici que commence l’Empire de la Mort !)…

Maintenant, sur le dossier, un peu annexe mais totalement lié, de l’évacuation, idem : quel gâchis… Quand je pense à toutes ces familles qui sont aujourd’hui logées à l’hôtel… Quand on sait qu’une chambre de 20 mètres carrés peut être facturée à la Ville de Paris 2 300 € / mois… Alors que, rue de la Tombe-Issoire, l’immeuble reste aujourd’hui inoccupé – et ce n’est pas prêt de s’arrêter étant donné l’imbroglio juridique dans lequel nous sommes… Sans parler de cette commission de sécurité qui avait in fine donné son agrément sur les travaux de mie au norme sécurité incendie… Quel gâchis d’argent public…

Je souhaite vraiment que tous les acteurs du dossier, promoteur, pouvoirs publics (Mairie, Ministère de la Culture, Préfecture de Région…) et Collectif de Port-Mahon pourront prochainement se mettre autour de la table pour trouver un accord. Oui, bien sûr avec le Collectif, parce que ce sont des gens qui se battent depuis 10 ans pour la sauvegarde de ce patrimoine. Donc, ils ont mérités d’être autour de la table… Je pense d’ailleurs que le site n’existerait plus sans eux.

Donc il faut mettre tout le monde autour de la table, pour arrêter de tergiverser autour de ce lieu. Il faut qu’on trouve une solution. Et je pense que la solution jusqu’auboutiste de la Soferim n’est ni possible (réhabiliter signifie détruire le monument historique), ni acceptable (il est temps pour eux de comprendre que le promoteur façon « seventies », c’est fini, la profession se bat d’ailleurs pour montrer qu’elle est respectable et responsable…

Et tant qu’il n’y aura pas une réponse ferme et définitive, avec tous les acteurs du dossier, lors d’une réunion autour d’une même table, on n’y arrivera pas

Le Collectif plaide pour une protection au titre des Monuments Historiques ou pour une Protection Ville de Paris, de la dernière ferme de Paris (c’est-à-dire de la grange, de l’immeuble sur rue du 26 qui est l’entrée de cette ferme de ville, de la cours de ferme, du Pavillon Troubadour, de la Maison des Vachers et de l’aqueduc Gallo-Romain). Qu’en pensez-vous ?

Et

Le Collectif se bat pour une restauration de tous les bâtiments de la parcelle. Qu’en pensez-vous ?


Il est difficile de dissocier le sort de la carrière du chemin de Port-Mahon, de celui de la Ferme en surface. Le sol est classé. Réhabiliter, cela impliquerait de refaire des fondations modernes. Et à partir du moment où on touche le sol, on touche au Monument Historique, on l’altère et on prend de surcroît un risque d’effondrement non négligeable. Etant donné, je crois, que personne ne milite pour qu’on déclasse ce Monument Historique ou qu’on le menace de destruction irrémédiable, il faut trouver rapidement un accord avec la Ville ou avec le Ministère de la Culture, pour que la Ferme bénéficie également d’un classement, y compris le pavillon Troubadour qui a son charme. Parce que je pense que c’est un site qui a un intérêt dans sa globalité. Donc, la restauration de tous les bâtiments de la parcelle, oui.

Je ne suis pas définitif sur les projets de ce qu’on peut faire dans ces bâtiments. Je crois qu’il ne faut pas arriver avec des solutions arrêtées sur le sujet, parce qu’on a besoin de trouver un terrain d’entente avec la Soferim. Personne ne gagnera complètement à 100% dans ce dossier et il faut offrir une porte de sortie digne et équitable au promoteur. Des logements étudiants ? Une crèche ? L’entrée et / ou la sortie des catacombes ? La SOFERIM doit avoir son mot à dire et j’aimerais voir les projets des uns et des autres en détail à l’échelle de la parcelle dans sa globalité.


Voulez-vous ajouter quelque chose ?

Je trouve consternant qu’en 5 ans, on n’ait pas trouvé encore une solution pour sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes et du petit jeu « dépôt de permis de démolir, rejet du permis de construire, préemption, rejet de la préemption… ». Cela révèle vraiment beaucoup de choses sur notre pays, sur la complexité des relations entre la Ville de Paris et les promoteurs (adversaires ici, associés là) qui oscillent entre affrontement judiciaire et connivence officieuse… Car l’indignation de la Ville est à géométrie variable – ainsi, dans d’autres arrondissement, la Ville et la Soferim savent trouver un terrain d’entente…

Je pense enfin que la Soferim joue très gros sur ce sujet. Elle joue la montre, se bat bec et ongle, mais elle sait ce qu’elle a aujourd’hui et rien ne dit qu’un changement de majorité lui serait favorable… Loin de là. Il y a dans chaque camp des irréductibles du patrimoine. Alors je souhaite que l’on sache trouver rapidement une solution raisonnable et raisonnée. C’est dans l’intérêt de tous.

 

Nous vous remercions.

 

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