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mardi, 28 décembre 2010

Villages14 du mois de décembre

 

Le journal "Villages 14" parle de notre Collectif en publiant un entretien.

 

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En voici le texte complet :

 

A 150 mètres à peine de la station de métro Saint-Jacques, plus précisément au 26 rue de la Tombe-Issoire, se trouve la ferme de Montsouris, la dernière des fermes de Paris. Jusqu’en 1940, les Parisiens pouvaient venir y chercher leur lait frais. Rachetée par l’Abbé Keller, elle a été un terrain de jeu des scouts et le siège d’activités paroissiales, et cela jusqu’à sa mort en 1986. Depuis cette date, la ferme, bâtie sur une carrière datant du Moyen-Age classée Monument historique, est l’enjeu d’une lutte acharnée entre des promoteurs immobiliers et les associations qui veulent préserver ce site unique dans la capitale. Celles-ci se sont regroupées au sein du Collectif de Port-Mahon et de la ferme de Montsouris, présidé par Thomas Dufresne.

En tant que président du Collectif, vous êtes très investi dans le combat pour la sauvegarde de la ferme de Montsouris. Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à cette question ?
T. D. : Je suis né en 1958 dans une famille d’artistes qui vit depuis trois générations dans le 14e. Je me suis toujours intéressé à l’histoire de cet arrondissement et à son patrimoine si riche. Artiste peintre, j’organise aussi
des visites dans Paris pour montrer les aspects secrets, le côté original et insolite de la capitale. Lorsque j’appartenais à la Société d’Histoire et d’Archéologie du 14e, nous nous sommes battus aux côtés de Georges Viaud
sur de nombreux dossiers, comme l’ancien cabaret de Moquesouris ou la maison de Chateaubriand. Le Collectif est la réunion de plusieurs associations (dont la Société d’Histoire et d’Archéologie du 14e, l’OCRA, Monts 14, Paris Historique) qui se battent depuis les années 90. Ce collectif se sent très soutenu et encouragé par une écrasante majorité d’habitants du 14e.

Comment a débuté l’engagement du Collectif en faveur de la ferme de Montsouris ?
T. D. : Cette affaire dure depuis un quart de siècle et, pendant tout ce temps, le lieu se dégrade et menace de tomber en ruine. Tout a commencé à la mort de l’Abbé Keller : il était propriétaire du site depuis que, grâce à
une souscription publique, il avait acheté une grande partie de la rue Saint-Yves ainsi que la ferme. Il y avait installé les activités de la paroisse et les scouts. A sa mort en 1986, le lieu a malheureusement été acheté par un premier promoteur. Huit ans après, en 1994, les associations ont obtenu du ministère de la Culture un classement aux Monuments Historiques de l’ensemble du sol, du sous-sol et des tréfonds. Il faut dire que la ferme de Montsouris, dernière ferme des 500 qui existaient dans Paris, est bâtie sur la carrière du Chemin de Port-Mahon. Cela a abouti à l’annulation de la vente, le terrain étant devenu inconstructible. Mais en 2003, un second promoteur a acquis cette parcelle de 2 700 m² pour un prix assez bas, et a déposé un nombre incalculable de demandes de permis de construire et d’autorisations de travaux. Toutes ont été rejetées. Une nouvelle tentative,
en juillet 2010, a également échoué. Le promoteur avait, cette fois, présenté son projet sous l’intitulé "restauration de la carrière" : il s’agissait, en fait, d’y injecter du béton ! Ce nouveau projet a également été rejeté, avec un refus motivé par la direction du Patrimoine.

 

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Si, du point de vue juridique, tout paraît limpide, sur le plan politique, il semble régner une certaine confusion?
T. D. : C’est vrai, car il y a autant de personnes à droite qu’à gauche qui sont favorables à la préservation du site, et autant à droite qu’à gauche favorables à l’opération immobilière. Ce contexte politique flou a permis au promoteur de ne jamais se décourager, alors qu’il suffirait qu’un responsable politique lui dise : "Non, Monsieur, c’est classé". Marie-Claire Carrère-Gée soutient notre combat depuis le début et elle nous a considérablement aidés. En 2009, elle a proposé un voeu au Conseil de Paris pour que Bertrand Delanoë demande au ministre de la Culture le classement de la ferme de Montsouris au titre des Monuments Historiques.
Alors que l’UMP et les Verts ont voté pour ce voeu à l’unanimité, le PS s’est exprimé contre à l’unanimité. Conscient de son intérêt patrimonial unique, le précédent maire, Pierre Castagnou, était pour la préservation du site et l’avait inscrit dans son programme municipal. Il avait même fait inscrire l’achat de tout le site au Plan d’investissements pluri-annuel de la Ville de Paris et était favorable à sa restauration. Par contre, on attend toujours de connaître la position officielle de l’actuel maire du 14e, alors qu’il a été élu sur la même liste. Le promoteur profite de cette situation pour jouer la montre et le pourrissement, alors qu’il suffirait que les lois soient respectées. Pour mettre fin à cette "prise d’otages" et stopper la dégradation du site, nous pensons qu’il y a deux pistes possibles : la restauration de la ferme, ou l’expropriation dans l’intérêt de la ville. Il est temps de dire stop.

Quels sont les autres combats urbanistiques à mener dans l’arrondissement ?
T. D. : Le 14e a été très préservé grâce à l’action de l’ancien maire Gilbert Perroy, fondateur de la Société Historique et Archéologique. Un des charmes de l’arrondissement, ce sont les maisons de faubourg, qui donnent au 14e arrondissement ce parfum de campagne unique. Mais ce sont, hélas, ces maisons qui sont les plus menacées et les plus détruites car elles n’ont en général qu’un seul étage. Elles ne sont pas classées, et quasiment jamais préservées au Plan local d’urbanisme. C’est pourtant le tissu du 14e arrondissement. Sur ce sujet, comme sur celui de la ferme de Montsouris, nous attendons des politiques qu’ils prennent leurs responsabilités. Il suffit de faire appliquer la loi !

 

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